dimanche 21 août 2011

- Montcalm 2011








Mi août je semble avoir récupéré de la Vuelta al Aneto, après quelques sorties en montagne qui se sont bien passées. Il y a un moment que j'ai envie de faire le Montcalm mais la proximité du challenge ou du GRP m'en avait empêché, et comme en plus je suis invité il n'y a pas de raison de ne pas y aller.




Je trouve sur place plusieurs connaissances de trail, dont certaines inattendues comme Francis. Je passe la soirée avec Jacques, remis lui aussi de l'Aneto, et nous partagerons la pasta party ensemble.





Comme l'atteste ma tête enthousiaste, je ne suis pas convaincu par la pasta party, par le service à table avec des plats à partager, ni par le contenu, que des crudités en entrée (bêêêh) et des pâtes moyennes. J'avais récupéré un ticket gratuitement autrement les 12€ me seraient restés un peu en travers.




Mais ce sera le seul point négatif d'une superbe organisation, donc cela reste minime.




La période est caniculaire mais la nuit est bonne dans le break. Au matin, il fait déjà chaud avant le départ vers 6h30...







Après trois visites aux toilettes et un court échauffement, je suis prêt.





Me voila détendu, en première ligne au départ, discutant avec Michel Rabat ou ici Pierre Laurent Viguier, futurs récompensés.




En bleu, mes temps estimés pour finir en 5h50 (d'après le site de la course).



A 7h c'est le départ, pour quelques kilomètres sur route en faux plat montant. Je laisse filer un groupe d'une vingtaine devant, laissons les cadors s'expliquer entre eux.

Juste derrière, je me retrouve avec Marc Villa, pote de Michel Rabat et président de la fédération de Skyrunning. On avance à un bon rythme tout en discutant, comme lors d'un footing, de nos expériences respectives sur l'Aneto et l'Andorre. Il me confirme la présence ici de Corinne Favre et on rigole en se disant que ce n'est pas normal qu'on soit devant elle.









Puis on quitte la route pour attaquer un sentier qui monte bien raide en lacets. Je grimpe fort, je suis en bonne forme et les jambes répondent bien.



Stéphanie Jimenez, première féminine, me rejoint et me dépasse. Un coup d'oeil derrière et je vois Corinne Favre pas très loin.





Après la grosse montée, nous voici sur le plat du canal carré avec des vues plongeantes sur la vallée et les montagnes qui nous attendent en face.






C'est très roulant et il faut garder un bon rythme. Certains me dépassent alors que je reviens un peu sur Stéphanie.




A la fin du plat, on aborde une montée sur route où je rejoins et dépasse Stéphanie.



Après cette première partie rapide, je suis au parking de l'Artigue en 1h02 quand mes prévisions donnaient 1h17 !





Suit une courte portion roulante avant d'attaquer la vraie grosse montée. Stéphanie revient et me dépasse, très efficace en côte. Je l'aurais longtemps en point de mire mais elle restera définitivement devant et remportera la course.


Ensuite c'est Luc Neppel qui passe et me sert de lièvre. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, il a quand même gagné le Trail Blanch ou la Course aux Etoiles avec Antoine Guillon. Donc je monte fort et ça va toujours bien.












A l'étang Sourd, je refais le plein de mon bidon, bataillant maintenant avec un jeune coureur que j'ai déjà côtoyé plusieurs fois, notamment sur la Course des Seigneurs. On va effectuer la montée ensemble, parlant un peu car il découvre ce secteur.




Puis c'est Corinne Favre qui nous dépasse, nous laissant progressivement sur place.











Je passe au refuge du Pinet toujours en forme, enchaînant les grosses montées en marche rapide et les rares parties roulantes en courant.










Je suis encouragé en plusieurs endroits, par des gens que je ne connais pas toujours, lecteurs du blog ou habitués des Citadelles. En tous cas, merci à vous.












Ici c'est Patrice qui m'encourage, photographe mais aussi organisateur de la Cascade d'Ars.











Passé le Pinet, le sentier continue à monter fort. Les passages auprès des étangs sont très jolis, mais le parcours devient de plus en plus technique. Ce n'est pas gênant en montée, ce le sera plus en descendant.









Après 2h52 de course, je croise Michel Rabat qui redescend déjà, avec une large avance sur le second.










Je monte toujours bien, nullement gêné par l'altitude à l'approche des 3000m. Je double un gars qui semble scotché au sentier et sous le col entre les pics je vois passer Stéphanie qui part vers la Pique d'Estats.








J'attaque la montée vers le Montcalm durant laquelle je croise Corinne. Elle m'encourage, sympa.








J'arrive au sommet du Montcalm, pointage rapide en 3h13, un peu d'eau salée pour alterner avec le Nutraperf de mon bidon et je repars. Le croisement avec ceux qui montent est vraiment sympa, je vois là Marc puis Pierre "Piloumontagne". On s'encourage mutuellement.










Je rejoins le col et attaque la courte et grosse montée vers l'Estats. Un peu de technique, un passage tracé dans les éboulis et c'est le pointage sous le sommet. J'y suis en 3h30 quand mes prévisions donnaient 4h, avec une belle 25ème place. Là était vraiment mon but, je sais que la descente bien trop casse gueule faussera le résultat final.












Le début se passe bien, un sentier bien tracé dans les éboulis, sans piège.











Les jambes vont toujours bien et je me fais plaisir dans ce début de descente.










Je croise Jacques, le temps d'échanger quelques mots et je continue à tracer.











Je continue à croiser et à saluer quelques coureurs connus, comme ici un gars de Quillan en même temps que je retrouve Francis.









Je conseille d'ailleurs la lecture de son récit Marathon du Montcalm, pour ses superbes photos et pour sa course vécue dans la douleur.










Pour moi et comme prévu, les choses se compliquent : le terrain devient de plus en plus technique et comme je n'ai aucune envie de me blesser maintenant ou de finir avec dos et genoux cassés dans quelques années, je descends prudemment et tranquillement.











Ce n'est pas génial pour le moral et je compte coureurs et coureuses qui me dépassent régulièrement. Il y en aura une bonne quinzaine entre les pics et l'Artigue.











Autant j'assure maintenant à peu près dans les descentes , même un peu techniques comme à la Clape, autant ici je ne peux rien faire. Isards bienvenus.










C'est donc à une petite allure que je descends, car même là où c'est moins technique je commence à manquer un peu de jus pour relancer vraiment. Plus l'habituel échauffement de la plante du pied gauche qui commence à me titiller.











J'alterne boisson de mon bidon, eau fraîche plate ou salée des ravitos, mais j'oublie un peu de manger sur le retour. Mais ce sera sans conséquence.









Après le Pinet, on retrouve enfin des sentiers plus abordables pour courir. Je descends donc un peu plus rapidement, m'arrêtant un peu plus bas pour refaire le plein du bidon.








Ca revient moins derrière moi, j'arrive à maintenir les distances, doublant même un coureur qui marche, ralenti par des crampes.












Il y a beaucoup d'espagnols sur la course, mais dans les bois je suis rejoins par une fille et un gars qui parlent une langue inconnue. Ils me dépassent et il me semble voir sur leur maillot "Slovénie", beau succès international pour la course.












Après avoir évité les quelques racines qui traînent sur les sentiers mais avoir pris quand même une belle gamelle (juste la main égratignée), j'arrive à l'Artigue. Pas mal de public ici et des encouragements venus d'eux ou de randonneurs qui font monter quelques vagues d'émotion.











Il me reste 9km et 50 minutes pour les parcourir et terminer sous les 6h. Sur le papier ce n'est pas insurmontable, d'autant plus que je prends plaisir à dérouler sur les parties de route, oubliant les cuisses et la plante du pied douloureux en descente.


















Mais on m'a averti, ce final n'est pas simple, alternance de parties de route, de chemins avec quelques cailloux et de petites bosses à monter.









Je me motive, le mental tourne à fond, je me demande d'envoyer comme si j'étais en tête, mais il y a peu de réponse de la part des jambes. Je suis cuit...



















En tous cas je me défonce et j'y prends du plaisir, oubliant l'Aneto et sa fin de course en mode rando rapide.










Encore loin de l 'arrivée et alors que mon chrono annonce 5h55, je comprends que c'est raté pour les 6h. Mais je fais encore travailler le mental, me forçant à ne pas ralentir, même si le but prévu est inatteignable.









De plus, dans la vallée il fait très chaud et je m'asperge la tête à chaque fois que je trouve un point d'eau ou sur les ravitos.










Et c'est comme ça que j'arrive sur le dernier kilomètre sur la route menant à Auzat. Je prends encore quelques bonnes doses d'émotion, en croisant des automobilistes qui m'encouragent ou sous les applaudissements des spectateurs placés le long du parcours.











J'arrive finalement sur la place en 6h06, pas très loin du but, exténué mais heureux de ma course. J'ai donné tout ce que j'ai pu et surtout effectué la belle montée que j'avais imaginée. Pour la descente, je savais que c'était perdu d'avance.











Il me faut plusieurs minutes pour revenir dans un état à peu près normal et plusieurs heures pour marcher sans boîter. Je vais d'ailleurs m'asseoir dans un petit bassin, espérant que ce bain dans l'eau fraîche m'évitera les courbatures des jours à venir.












Après ce petit bain, je vais d'abord prendre une douche puis faire une mini sieste, récupérant peu à peu. On soigne ensuite l'hydradation autour d'une bière, avant de passer à table. Rien à dire cette fois, le repas est varié et copieux, sympathique aussi avec un oeil sur les arrivées et la remise des prix.









C'est ainsi que nous voyons Francis en terminer après une grosse galère.












Le podium de ce premier championnat de France de Skyrunning, donc sans l'espagnol qui a terminé troisième.









Michel et Stéphanie, les premiers champions de France de cette discipline.









***








Que dire après ce beau we ? Je me suis régalé et à part pour la pasta que j'ai moins appréciée, j'ai découvert une superbe organisation, très bien rôdée, avec un nombre impressionnant de bénévoles dispersés dans la montagne.










L'ambiance y est bonne, le parcours est terrible, autant pour sa beauté que pour les qualités qu'il demande. Un piètre descendeur doit juste chercher d'autres motifs de satisfaction, ce que j'ai fait.









A recommander fortement et à aborder léger (petit bidon et quelques barres) au vu des ravitos très fréquents que l'on rencontre.









L'Ariège est belle.









***








Merci à tous ceux à qui j'ai piqué des photos, Kris de Running Mag, Patrice "Cascade d'Ars", Jacques, Francis, Julien et mes archives de la superbe sortie de 2010.








Et un grand salut à tous ceux croisés sur place.

***

A noter que si j'ai souvent de bons morceaux de rock en tête pendant mes courses, ici, sans doute inspiré par la présence de Coco Favre, c'est le morceau de merde Monsieur Sainte ni touche "Coco Chanel" qui tournait en moi, suivi d'un titre de Marc Lavoine.

Certainement l'effet déplorable du manque d'oxygénation du cerveau en altitude...










lundi 1 août 2011

- Vuelta al Aneto : la course





Buena Suerte !







Tout commence par un contrôle de la Guardia Civil dès mon entrée en Espagne : j'explique au policier que je pars faire une course à pied à Benasque. Il me laisse repartir et me dit "Buena suerte !". Je le remercie, cela a l'air gentil.





J'apprendrais plus tard que cela veut dire "Bonne chance !" et j'entendrai ce mot à de nombreuses reprises durant ces jours de course.







Le profil de la Vuelta al Aneto, 96km 5950md, avec les barrières horaires en bleu, mes temps estimés en rouge et les points d'eau connus, puisque le principe de course est d'être en autonomie totale, sans ravitaillement fourni par l'organisation.








Point de photo d'avant course, mais le bonheur d'être là est bien présent, avec copains et entourage, à partager une bière ou une pizza en attendant le départ dans une ambiance de vacances à l'étranger.






Mais le matin tout est prêt, le sac de rechange et de ravito pour Vielha à mi course, et nos sacs à dos bien alourdis par tout le matériel obligatoire, les boissons et les 2500Kcal de nourriture obligatoires.






Tout ceci est en théorie strictement contrôlé avant le départ, mais il siffle un petit air de pipeau sur la vérification très succincte de notre matériel. A voir les mini sacs de certains, on peut d'ailleurs se demander s'ils ont vraiment tout emporté...(je ne parle pas de Jacques et de son énorme sac de rando).





8h du mat, nous voila prêts à partir, après avoir essayé de comprendre quelque chose au briefing, en espagnol faut il le rappeler. J'en retiens que la météo semble incertaine pour la soirée.









Benasque - Col Ballibierna

Parti pour au moins 20h de course, je ne m'affole pas sur le début qui est extrêmement roulant et plutôt ennuyeux : chemin en bord de route, puis piste légèrement montante à peine entrecoupée d'un joli passage en forêt.







Je passe donc ces treize premiers kilomètres entre petit trot et marche rapide, en attendant le début des hostilités.






Passé le refuge de Coronas, nous rentrons vraiment en terrain montagneux. Le sentier se fait plus technique avec l'apparition des premières grosses pierres.






Fini les pistes, nous voici sur les sentiers au milieu de superbes montagnes comme le pic de Ballibierna.






Je profite du voisinage d'un torrent pour remplir d'eau ma bouteille de 50cl, dans laquelle je glisse un comprimé de purification. Cette eau sera propre à la consommation dans une demi heure, ce qui me laisse le temps de terminer mon bidon de Nutraperf, avant d'en refaire le plein.






J'ai également dans mon camelback un mélange eau/St Yorre en réserve, toute une stratégie d'hydratation...




Nous continuons à monter en longeant la face sud du massif de l'Aneto, sommet que nous connaissons très peu sous ce profil.









Et puis c'est l'arrivée au premier des lacs de Ballibierna.





Au fond notre destination, le col de Ballibierna.











C'est très beau, mais ça devient très technique avec des rochers de plus en plus gros, qu'il faut escalader ou descendre en s'aidant des mains. La progression est ici plus difficile et en tous cas beaucoup plus lente.






Après avoir longé les deux lacs, nous attaquons la montée finale vers le col de Ballibierna, d'abord sur un sentier puis rapidement sur des éboulis plus ou moins stables.





Je me suis souvent entraîné en altitude en ce mois de juillet et le fait d'arriver à 2732m ne me pose pas de problème particulier, je monte très bien jusqu'au col.







Il y a ici un pointage électronique grâce au badge fixé à notre poignet et j'en profite également pour me faire prendre en photo par les bénévoles présents. Fidèle à mes habitudes relatées dans "Réussir son Ultra", j'ai découpé ce parcours hors normes en plusieurs parties et j'en termine donc ici avec la première, en 3h40 pour 3h30 estimées.









Col Ballibierna - Refuge Conanglès


Le lieu n'est pas idéal pour prendre le ravito que j'avais prévu et je bascule donc aussitôt dans la descente au milieu de gros blocs où le cheminement n'est pas évident. Je suis quelques coureurs qui semblent connaître le tracé et m'aide des panneaux qui balisent régulièrement le GR11.











C'est finalement aux abords de l'étang de Botornas que je me pose, assis sur un rocher surplombant les eaux, pour prendre mon premier ravitaillement consistant : un peu de saucisson, quelques noix de cajou, le tout arrosé avec un mini canette de Coca (15cl).






Heureux hasard de course, je repars au moment où passe Thomas que j'avais déjà croisé précédemment lors du plein d'eau.






Nous parcourons ensemble la descente puis le long sentier qui longe le barrage de Llauset. On discute un peu, ça fait du bien de retrouver une tête connue.





Au bout du lac, on passe par un nouveau pointage avant d'attaquer une très raide montée vers le col d'Angllos.








Le dénivelé ne me pose pas de problème, je suis toujours en forme, par contre un passage taillé dans la roche et surplombant le lac me fait ralentir. C'est un sentier signalé comme délicat sur la carte et où en des temps anciens était posée une main courante. Il n'en reste que les anneaux où je me cramponne, mais le passage n'est pas vraiment risqué, à peine aérien.










Le col d'Angllos où j'arrive rapidement est un des plus beaux endroits du parcours, avec des vues superbes sur les étangs du même nom. Mais le regard ne peut pas trop s'attarder sur ces paysages car la descente qui suit est encore une fois technique, entre rochers et éboulis.









On peut ensuite dérouler un peu en bord d'étang avant de plonger dans la très longue descente vers le pont de Salenques.






Bertrand me rejoint et me dépasse sur un terrain devenu à nouveau délicat : le sentier est difficile à courir entre rochers, racines et éboulis. Je descends prudemment pour éviter toute chute et pour économiser mes cuisses pour la suite du programme.









Je dépasse quand même quelques coureurs, notamment sur une partie glissante et légèrement boueuse. L'honneur des Citadelles est en jeu.








Sur le bas de la descente, esseulé, je tombe sur un croisement et pars sur la gauche, direction le Vall de Salenques. Je traverse un pont métallique et rencontre un autre panneau, indiquant le pont de Salenques dans la direction d'où je viens.






J'effectue donc un demi tour, poursuivant dans les bois sans voir aucun coureur pendant de longues minutes. Le doute est là quant à savoir si je suis sur le bon sentier, puisqu'il faut le rappeler la course n'est pas balisée, nous nous guidons grâce au balisage des sentiers, à la carte et au road book.







Finalement, deux coureurs me rattrapent me rassurant sur mon choix de direction.





Plaisanterie qui fait toujours rire les petits français par rapport aux panneaux de chasse espagnols.






Me voici enfin aux abords du refuge de Conangles, soient 34km parcourus en 7h... Je réalise la lenteur de la progression en envoyant un petit sms d'info.






Bertrand me précède de peu et c'est avec Thomas, rejoint sur un point d'eau, que je retrouve avec plaisir mon neveu Maël, Estelle et Virginie, la femme de Bertrand. On ne s'attarde pas mais c'est toujours un plaisir et un encouragement de les voir.








Conangles - Vielha






C'est avec Thomas que nous abordons la montée vers le port de Vielha mais je lui indique que je vais m'arrêter à l'Espitau de Vielha pour soigner une vieille connaissance, une douleur sous la plante du pied gauche, entre ampoule et échauffement. Je préfère agir maintenant plutôt que d'attendre une vraie blessure.







Tout en grignotant un peu, je me confectionne un pansement à base de simili Compeed et bande anti ampoule.





Plusieurs coureurs passent pendant ce temps en m'encourageant, dont un comique qui s'excuse de ne pas avoir de pièce de rechange pour moi. Je suis en progrès, j'arrive à comprendre l'humour en espagnol.









Mon pied réparé ne me posera plus aucun problème et j'attaque l'ascension serein, en grande forme et reprenant plusieurs coureurs.






La météo est avec nous, il fait beau mais pas trop chaud et ces nouveaux mille mètres de dénivelé se montent bien.






En haut le ciel est un peu couvert et un petit vent frais m'incite à me couvrir la gorge.






Au niveau du faux col, il reste encore un long passage transversal avant d'atteindre le port de Vielha.










Derrière c'est encore une très longue descente qui nous attend, 1600m à dévaler en environ 10km. Avant de m'y lancer, j'effectue une mini pause à l'abri du vent, le temps d'avaler un peu de salé et un mini coca. Quelle brilante idée d'en avoir pris.






La pause terminée, je débute la descente, encore une fois technique. Gare aux chevilles...





Même si le terrain devient rapidement plus roulant, je laisse filer mes compagnons du moment vers Vielha, encore très très loin en fond de vallée.






Une jolie croix rouge marque le début des difficultés pour moi : après neuf heures de course, je n'ai plus aucune envie de boire du Nutraperf qui jusque là fut un plaisir. Je poursuis donc à l'eau mais plus grave, aucun des aliments que je transporte ne me séduit. Je ne me force pas et ne mange donc plus rien.





La descente, interminable, se poursuit sur une piste pour se terminer sur une route bétonnée aux abords de Vielha.






Mal alimenté, lassé par le parcours, je ne suis pas très frais quand j'arrive à Vielha même si je ne le sens pas vraiment.





Je pointe à l'entrée de la salle après 11h15 de course, à peine 45 minutes de retard sur mes prévisions.





Je retrouve là Thomas, déjà sur le départ, et Bertrand qui ne sait pas s'il va aller bien loin.





Pour moi pas de miracle, je me sens bien mais je n'ai envie de rien manger. Je bois péniblement un coca, accompagné d'un verre de bouillon proposé par l'organisation. Leur ravito n'est vraiment pas à la hauteur, il y a juste des fruits, de l'eau et de la soupe, là où du salé, des pâtes ou des compotes nous auraient remis d'aplomb.





Je grignote un bout de jambon offert par Bertrand, me rappelant qu'en ultra j'ai toujours préféré les ravitos mis à disposition aux miens. Problème assez gênant sur cette course en autonomie.






Pendant que je me change et me badigeonne les pieds de Nok, Jacques et Manu arrivent à leur tour. Ils font course commune et me donnent des nouvelles d'Yvan, toujours en course, et de Romain, stoppé par une entorse.






Je revois aussi avec plaisir Iker Karrera, vainqueur des Citadelles, venu en spectateur avec sa copine. Je leur explique mes problèmes "No me gusta comer" et j'en repars avec un conseil évident mais qu'il est bon de réentendre : Si je ne mange pas, je ne terminerais pas.










Vielha - Artiga de Lin


Me voila donc reparti pour cette deuxième moitié de course, en compagnie de Bertrand, après 45 minutes passées à Vielha. Dans ma tête je vais bien, j'ai déjà reconnu presque toute la portion à venir, mais dès les premières fortes pentes de Gausac je vois bien que je suis faible, même si on monte assez vite.




Et comme je compte bien terminer la course, il ne me reste qu'une solution, me forcer à manger...







Je commence donc par un demi carré de chocolat qui accompagné d'eau passe assez bien. Je poursuivrai cette stratégie de mini grignotage tout le reste du parcours, notamment grâce au met qui m'a fait le plus envie, le mini Babybel.














Après avoir doublé quelques coureurs, on arrive assez vite à Bassa d'Oles puis sur la partie où j'avais eu beaucoup de mal à trouver mon chemin en reco.





Les organisateurs ont du prendre conscience de la difficulté de ce secteur, surtout de nuit, car il a finalement été balisé grâce à de la peinture et de la rubalise fluo. Heureuse initiative.






On parle très peu avec Bertrand et il n' a pas l'air d'être au mieux. Je remplis en passant mon bidon à la source de la cabane d'Anhets qui marque la fin de la montée.






On enchaîne avec un sentier légèrement descendant vers Gèles, un des seuls endroits où l'on courra un peu. Il est près de 22h et la nuit commence à tomber. Un arrêt s'impose donc pour sortir les frontales avant le contrôle de Gèles où nous passons après 14h de course.





La piste se poursuit ensuite, plutôt large et nous sommes la plupart du temps ensemble avec Bertrand. On s'attend parfois, quand ses problèmes de ventre lui imposent un arrêt technique ou bien quand je m'arrête pour lire ou répondre à un sms.





La descente en direction de l'hermitage de Lin est très raide, un petit sentier terreux et glissant tracé droit dans la pente. On s'en sort sans chute, tout un art appris à l'école des Citadelles.





Après un très grand détour sur piste permettant de passer un pont, nous progressons maintenant sur la route qui va à Artiga de Lin. Une partie très pénible, trois kilomètres de goudron sur une route fortement inclinée.






Nous marchons côte à côte sans un mot, mais nous nous accompagnons dans l'effort.





Je crois bien qu'il nous faut près d'une heure pour rejoindre le refuge où nous rentrons nous reposer et manger un bout. Je grignote toujours très peu, mais je me force à manger avant l'énorme montée de 1000md vers le Port de la Picada.




Je termine mon mini coca, mets une deuxième couche à manches longues en prévision de la nuit fraîche qui doit nous attendre à 2500m d'altitude.






Ce col est le dernier monument de la course à franchir, ensuite il ne restera que 21km plus ou moins descendants jusqu'à l'arrivée.






Artiga de Lin - Hospital de Benasque


Nous voici repartis en duo sur un bon rythme mais dès le début de la montée nous rejoignons un groupe de cinq coureurs qui avance très lentement. La trace est étroite et nous nous collons derrière eux, adoptant leur allure. C'est un peu pénible, mais à cette vitesse je risque moins la défaillance.





Les trois premiers coureurs s'arrêtent pour nous laisser passer et nous continuons derrière un couple, un peu plus rapide. Mais sur un passage humide et boueux, je les trouve un peu trop prudents, à la recherche d'endroits où ne pas se mouiller les pieds.




Suivi de Bertrand je double et nous pouvons enfin reprendre un bon rythme d'ascension. Cela dure un moment, mais Bertrand a le ventre en vrac et doit s'arrêter souvent.




Je ralentis pour l'attendre, ce qui me fait prendre une vitesse qui me va moins.






Un peu plus haut, je m'arrête même pour ne pas trop le distancer et appuyé contre un piquet, je sens le sommeil me gagner. Je me secoue et repars, il est quand même 2h du matin et la fatigue parait normale.



Il est peut être moins normal de se balader en pleine nuit au coeur de la montagne. A voir...







Le froid devient plus vif à l'approche du col et nous effectuons une nouvelle pause pour revêtir le coupe vent et les gants. Vers 2h30 du mat, nous pointons enfin au port de la Picada.




Je discute un peu avec le contrôleur, lui expliquant que je connais la descente, l'ayant reconnue avec Manu. Il est vrai que sur le début du sentier il n'est pas évident de trouver la bonne trace.




Je m'improvise donc guide durant tous les lacets de la descente, prenant la tête d'un trio formé avec un espagnol qui a emboité nos pas. On descend en marche rapide, évitant quelques pierres éparses et économisant les forces restantes.






Cela prend du temps, mais tout se passe bien. On arrive ainsi à l'Hospital de Benasque où nous reprenons de l'eau sur le robinet caché en façade. Par contre, impossible de trouver dans la nuit noire les petits ponts qui permettent de traverser les divers ruisseaux.


Lassés de chercher, nous rejoignons Vados et son pointage par la route.








Hospital de Benasque - Benasque


José, notre compagnon, explique notre cas au contrôleur qui est compréhensif. Nous ne serons certainement pas les seuls à avoir raté ces ponts.





Après le pointage bonne surprise, il y a ici de la soupe chaude à disposition. Nous rentrons au chaud sous la tente pour en boire deux verres, tout en changeant les piles des frontales qui n'ont pas apprécié la descente avec le faisceau lumineux au maximum.





Nous sortons de là un peu revigorés pour aborder une dernière bosse qui nous mène sur un sentier en balcon au dessus de la vallée. Je profite d'une nouvelle halte de Bertrand pour discuter un peu avec José. Il a une belle expérience en ultra, il prépare "el Mont Blanc" pour fin août et il regrette aussi l'absence d'un vrai ravito à Vielha, "con pastas".






Après des sentiers assez techniques sur des éboulis, on pointe à Banos de Benasque alors que jours commence à se lever, peu avant 6h.






Tout le final est ensuite pénible, beaucoup de larges chemins sans grand intérêt, qui défilent lentement car nous n'avons plus la force de courir.




Il nous arrive de trottiner sur une portion descendante mais nous revenons assez vite à la marche rapide. On sent bien que José pourrait aller plus vite, mais il a choisi de rester avec nous jusqu'au bout.






Je ressens quelques vagues d'émotions en approchant de Benasque, lorsqu'un camion de pompiers klaxonne en passant ou lorsqu'une femme nous fait de grand signes d'encouragement depuis la fenêtre d'un bus. Mais ce sera quasiment tout.






Dans les premières rues de Benasque, nous nous mettons à courir pour en terminer avec la manière. Nous voyons la place de l'arrivée, où des centaines de personnes applaudissent et nous acclament...



Et non, il est presque 8h du mat et Benasque dort. Il y a là une dizaine de personnes, organisation comprise et forcément, c'est moins porteur d'émotion.





Mais il y a là Virginie et Romain, que je suis content de retrouver. Je suis partagé entre un peu de joie et une grosse fatigue, je regrette aujourd'hui de ne pas avoir trouvé là un de ces moments où les larmes montent aux yeux. Mais les circonstances n'y étaient pas, peut être aussi parce que tout le final n'a été qu'une rando rapide, pas une course où je me suis défoncé.


Sans doute aussi parce que je n'ai eu aucun moment de doute, aucune douleur musculaire ou autre qui aurait pu rajouter une touche épique à l'aventure.





Trop facile (?)











Mais je suis quand même content d'avoir bouclé ces 96km et 5500md, en 23h48, en compagnie de Bertrand avec qui la nuit est passée plus facilement.



Le tracé est magnifique, surtout toute la première partie jusqu'au port de Vielha. Malheureusement, de nuit, on passe complètement à côté des superbes vues sur l'Aneto depuis le port de la Picada.






Une belle médaille à l'arrivée et un joli sac 10l avec le dossard, ce seront les points positifs à retenir de l'organisation. Ni l'absence d'un vrai ravito à mi parcours, ni le repas froid d'après course (froid à tous les sens du terme) ne m'auront convaincu, par rapport à un prix d'inscription quand même conséquent (70€ dans les premiers temps).



A comparer avec un Ultra Trail Sobrarbe bien moins cher, avec d'excellentes prestations et une chaleur de tous les instants.




Cette sortie à l'étranger fut aussi l'occasion de lancer la campagne de pub pour les Citadelles 2012, en version espagnole.



Une belle distribution de flyers grâce aux nombreuses mains de mes compagnons.









Car heureusement, je n'étais pas seul là bas et nous avons formé un très belle équipe, sur notre campement ou bien rassemblés autour d'une bière et d'une pizza.





De grands moments qui resteront gravés au delà des péripéties de la course.







A recommencer bien sûr, pour découvrir de nouveaux horizons.